Le souffle suspendu aux lèvres;
La colère bouillante dans les veines - Elysian avait laissé cette respiration s’effectuer au final, les yeux rivés sur la surface étoilée du ciel qui les surplombait. Partout, elle ne trouvait qu’une raison de frustration. Ici, les constellations se confondaient. Elle n’était pas en mesure d’en nommer une seule. Étoiles brillantes sans aucune forme en particulier. La Grande Ours, la Constellation du Chien, tout était absent du ciel qui les accompagnait dans leur désarroi, leur désagrément.

Elle s’était étirée sur ce toit qu’elle avait atteint en y grimpant. Toujours plus évident, satisfaisant, de passer par l’extérieur et ne pas forcer son chemin de l’intérieur. Dans sa main, son butin de la soirée – celui qui la mettait en danger quelque part; ou plutôt à risque de représailles. Elle ne faisait pas profil bas, Elysian. Elle voulait provoquer le chaos, dans son mépris et sa haine pour le conseil, elle voulait apporter la révolution. Ne baignait pas dans le calme et l’acceptation d’une situation en mesure de laisser son cœur battre sur le bord de ses lèvres, par dégoût.

Fauve en cage qui cherchait un moyen de faire sauter le verrou; Ely’ observait les étoiles qui les surplombant en Lui reprochant violemment l’absence de constellation. Il pouvait brûler dans les flammes de l’Enfer contre lesquelles Il les avertissait. Elle n’en avait rien à faire; elle L’avait, depuis, renié.
Une gorgée du liquide subtilisé au bar, lorsque la barman était trop occupée avec un client un peu trop alcoolisé, trop suggestif également, Ely’ avait laissé sa main glissée vers la bière pour l’amener avec elle sur ce toit, loin de tous les autres, les observant de haut, dans la solitude qui apaisait légèrement les flammes de ce feu ardent brûlant en elle; apaisant les brûlures du venin dans ses veines.

Quand quelqu’un se décida de poser à son tour les pieds sur le toit qu’elle avait rejoint; un soupir agacé s’échappa sur ses lèvres alors que son regard océan se planta dans celui de l’intrus. « La fête était pas suffisamment intéressante en bas qu’il fallait que tu viennes déranger ceux qui se tenaient à l’écart ? » Elle n’avait pas la prétention de se dire douce et accueillante, plutôt cynique et désagréable; ne cherchait pas à ce que quiconque gravite autour d’elle comme si elle était son orbite – elle était indépendante, et fauve sauvage qui attaquait lorsqu’on s’approchait de trop près. Et cette personne était bien trop près. Elle ne parvenait même pas à se souvenir de son prénom.
Au fond, ça n’importait même pas.

they said i am the sick boy
easy to say when they don’t take the risk  

we'll take this way too far

Sous la surveillance des astres nocturnes, Elysian était un peu plus calme; un peu plus reposée. Le poids sur ses épaules semblait légèrement s'apaiser - elle semblait pouvoir respirer un peu mieux. Le poison dans ses veines était alors un peu moins violent, un peu moins douloureux. Un peu moins léthal. Pourtant, dans l'apaisement, l'irritation s'infiltrait - tous les repères étaient effacés. Aucune constellation ne résidait dans le ciel qu'elle observait. Elle ne retrouvait rien de ce qu'elle connaissait. Comment pouvait-elle simplement l'accepter ?
Sa contemplation dérangée par la présence d'un.e insulaire, Elysian n'avait pas dévié son regard du sien. Iel ne semblait même pas dérangé.e par l'insistance de l'agente de sécurité.

Elle n'avait pu s'empêcher d'arquer un sourcil en voyant qu'iel ne semblait même pas se questionner sur s'iel dérangeait. Iel n'avait même pas eu la moindre once de décence de demander si c'était possible de s'installer sur ce toit, de venir imposer sa présence.
Solitude tant espérée, désirée, apaisante de par son silence et sans jugements, écoutant les nombreux murmures de l'insulaire qui se sentait prisonnière de cette brume infernale - elle n'avait jamais désirée qu'on vienne perturber sa nuit. Pourtant, en l'écoutant, en l'observant, le cynisme semblait désirer s'effondrer pour ne laisser que son amour pour les étoiles et sa déception de leur absence.
Absence particulière : les astres trônaient toujours dans la voûte céleste, mais ne brillaient pas comme elles en avaient l'habitude, placées dans un ordre aléatoire, ne pouvaient guider nul éclaieur ou explorateur - aucun être sur cette île.

« T'en as du culot... » Son murmure était venu mourir sur ses lèvres, avec le même cynisme qu'elle avait l'habitude d'offrir aux autres; mais avec une différente assurance qu'à l'accoutumée. C'était un murmure presque amusé, presque qu'intrigué, alors qu'elle continuait de dévisager l'énergumène qui se tenait devant elle. Haussement négligé des épaules alors qu'elle posait, maintenant, ses prunelles désamparées sur les étoiles qui les entouraient. « Il doit forcément y avoir une raison pour laquelle aucune constellation n'est présente... » Partout dans le monde, sur cette terre, les constellations étaient une valeur sûre - une certitude qu'on ne pouvait leur enlever. Sauf ici.
Qu'est-ce qui différenciait cet endroit du reste ?

Inattendue question qui s'envole dans l'atmosphère alors que son attention est de nouveau entièrement destinée à cet.te insulaire qui se tenait pas trop loin d'elle. Sans aucune estime pour les autres qui se trouvaient autour, sans aucun espoir en leur intelligence, l'étincelle de surprise brillait dans ses yeux. « Pas à ma connaissance non... mais ça peut peut-être nous aider à trouver une réponse. » Elle avait pris une légère pause en respirant.  « Hey. C'est ton idée. Tu devrais le faire. Viens t'asseoir. » Iel avait mérité sa place auprès de l'agente, si bien qu'elle lui tendit même sa bière qu'elle avait subtilisé.