Arthur venait de faire une grave erreur aujourd’hui. Bousillant complètement son cycle de sommeil.  
A force d’enchainer les nuits blanches à cause de l’insomnie dont il souffre, il était tombé de sommeil au beau milieu de la journée, pour finalement se réveiller dans la nuit, sans plus aucune envie de dormir, bien au contraire même. Il avait la forme. Et il mourrait de faim aussi.
Et quoi de mieux qu’un snack au beau milieu de la nuit?

Le blond se lève donc de son lit, enfile un jeans noir et un t-shirt blanc, rien de plus banal, mais il a au moins la décence de sortir de sa chambre habillé. Même s' il doute croiser du monde a cette heure-ci. Il met ses chaussures, et sort de sa chambre.

Comme prévu, il ne croise absolument personne, un silence agréable règne dans les couloirs de l'hôtel.
Jusqu'à voir au loin, un homme, grand, brun, bâti comme un Dieu grec, vêtu simplement d’une serviette attachée à sa taille, le reste de son corps exposé aux yeux de tous…

Oui un rêve. C’est ce qu’Arthur est en train de vivre, cela semble trop beau pour être vrai.
Avant de réaliser qu’il s’agit là d'Ahmès, qui se promène… A moitié nu. Après tout, avec un physique pareil, on ne va pas se plaindre, on pourrait presque qualifier ça d'un acte charitable.
Offrir la vision d’un corps si parfait aux yeux de tous.

Et le mieux dans tout ça? Il s’approche. Arthur continue à marcher dans sa direction, l’air de rien. Cette serviette pourrait presque tomber, un simple contact pourrait la faire tomber et...

Et il se fait bousculer. Il hausse un sourcil en le regardant. Perdu dans ses pensées il n’avait pas remarqué que l’homme était à son niveau. Il profite de la proximité pour le regarder de haut en bas.
Un. Dieu. Grec.

“ - Alors déjà on dit “pardon c’est un accident.". Ensuite, euh tu as perdu tes vêtements? Parce que la…”

Parce que le spectacle qu’il offrait à tous était incroyable. Le genre de spectacle qui lui donne envie de se mettre à genoux directement sans réfléchir.
Mais on en est pas encore là, et on est un homme distingué, qui sait se tenir, et avec des manières respectables.
Par contre ce qui se passe dans son esprit en ce moment même est tout sauf respectable.

Il n’avait pas vraiment prêté attention à sa voix la première fois, mais cette nouvelle phrase était tout sauf décevante. Autoritaire. Une voix grave. Le genre qui vous remet en place et vous donne encore plus envie de désobéir.

Quand le grand brun lui faisait face, la concentration d’Arthur s’envolait par la fenêtre. Mais quel torse incroyable, il devait faire beaucoup d’exercice pour avoir un physique pareil. Ce serait mentir que de dire que le blond n'éprouvait pas un peu d’envie devant un tel corps. L’envie d’avoir une musculature plus importante pour lui même ou bien l’envie de le toucher sans gêne.
Mais peu importe le physique qu’il avait, et ce qu’il ressentait de se retrouver face à un homme pareil, il n’allait pas flancher si facilement. Bien trop arrogant pour ça. Il n’allait pas s’excuser pour se faire bousculer. La seule chose dont il était coupable en ce moment même, c’est ce qu’il avait en tête en voyant cet homme à moitié nu.

“- Arthur.”

La réponse était sortie d’elle même alors qu’il soutenait son regard, affichant lui même une petite lueur d’arrogance.

“ - Toi c’est Ahmes, je le sais déjà. Chef de la garde, tout ça. “

D’un air des plus désinvoltes. Pas de quoi se sentir supérieur, juste le chef de la garde, rien de plus. Rien qu’un pouvoir absolu sur lui… Mais il n’avait aucune crainte, après tout, malgré sa taille et sa carrure, il ne portait qu’une serviette de bain, qui s’accrochait à la vie désespérément.
Arthur était même à deux doigts de le bousculer par “accident” pour faire tomber cette serviette. Il savait que ce qu’il cachait en dessous ne pouvait pas être décevant. Impossible. C'était comme un sixième sens, il en était persuadé.

“ - Est-ce que je peux t’aider avec quelque chose? Tu m’a l’air un peu perdu la.”

Il ne le lâchait pas du regard, s'efforçant de ne pas laisser ses yeux se promener sur son corps. Mais il est vrai que parfois un petit regard se perdait sur son torse, son ventre, la fameuse serviette… Juste le temps d’une milliseconde, mais ça lui suffisait.

“Les bases de sa survie?” Et à "qui il la doit”? Si il devait dire un nom à ce genre d’affirmation ca serait “Alcina” sans aucun doute. Elle était la personne qui allait lui voler des trucs sans rechigner. A croire même que ça lui faisait plaisir.
Ou alors tout simplement à son instinct de survie, certes pas très poussé, mais suffisant pour être toujours en vie après plusieurs mois sur l'île.

Mais attendez... Aurait-il trouvé plus arrogant que lui?
Franchement, il faut le faire.

Le silence était bruyant dans le couloir. Très. Bruyant.

Mais hors de question d’abandonner. Plutôt courir tête la première dans la brume, ou même pire, dans l’eau plutôt que de s’excuser. S' il veut des excuses, il va devoir les lui arracher par la force.
Il lève son regard vers celui du brun, un petit sourire amusé qui se dessine sur ses lèvres. La proximité avec Ahmès le divertisait. Et puis bon, d'être enfermé sur une île, sans repères, sans partenaires fixes, évidemment que les hormones vont le travailler un peu. Surtout face à un tel homme.
Ah et en plus il veut aller dans sa chambre? Mais c’est un rêve éveillé la, c’est incroyable. Il le regarde en haussant un sourcil.

“ - Déjà ma chambre? Eh on saute des étapes la quand même. Quel impatient. “

Il ne lâchait pas son regard, essayant de voir sa réaction, même s' il ne s’attendait pas à quelque chose d’amicale.

“ - Tu peux t’excuser de m’avoir bousculé, je le ferai ensuite. On repart à zéro et je te fais visiter ma chambre quand même, vu que tu y tiens tant. Deal? “

Innocemment son regard descendait vers ses lèvres qu’il regardait avec intérêt. Tiens il n’avait jamais fait attention a la cicatrice qu’il avait sur le coin. Va savoir comment l’homme a eu ça, quel genre de vie il menait avant d'être envoyé ici…Certainement pas celle d’un enfant de chœur.
Quelque chose au fond de lui lui criait "arrête, on recule, on dit désolé, et on va gentiment manger un bout, et on évite le danger.”, mais l’envie de découvrir jusqu'où il pouvait aller avec Ahmès était bien trop tentante.

Il était rare pour Arthur de se sentir petit. Il avait une taille tout à fait respectable, plus grand que la moyenne même. Et meme si il se retrouvait face a quelqu’un de plus grand il se faisait rarement dépasser de beaucoup.
Mais en ce moment présent il se sentait minuscule.
Son dos plaqué contre le mur du couloir, par réflexe il avait légèrement fléchi les genoux, puis écrasé par l’imposante carrure du brun…
Il se sentait vraiment tout petit.

Et bordel, qu’il aimait ça.

Il écoutait ce que le brun avait à lui dire avec attention. De par la proximité qu'Ahmès avait créé, il arrivait même à sentir son souffle contre lui quand il parlait.
Tenir sur ses jambes? Évidemment qu’il tenait encore sur ses jambes, le pensait-il vraiment si faible que ça? Une qualité dont Arthur pouvait se vanter était la ténacité, surtout de ce cote la.
Il éprouvait presque de la honte d'apprécier autant de se faire physiquement dominer par un homme qui n’a pas de bonnes intentions mais…
Tout ce qu’il avait en tête était partit en fumée à l'évocation des mots “chambres, langues, voix”. Il avait même oublié les menaces d’avant.
Perdre ses tickets pour la semaine? Si c'était le prix a payer, ça va, il s’en sortirai une semaine sans tickets. Après tout, il pouvait sûrement s’en procurer autrement, ou manger moins, ou utiliser la fameuse technique d’Alcina. Le vol.
Mais s’excuser? Toujours pas. Ca n’arrivera pas.

“ - Vu que l’abus de pouvoir, et voler injustement des tickets te plait tant, ma chambre est au 7eme étage, chambre 70.”

Dire qu’il aurait pu avoir la chambre 69, quelle opportunité ratée.
Il le gratifie d’un sourire amusé, absolument pas impressionné par la situation.

“ - Et ne t’en fait pas, ma voix est absolument charmante, et ma langue… Disons que ça te donnera envie de revenir à ma chambre régulièrement avec des excuses bidons.”

Il soutenait son regard avec un petit air de défi, avant d’apercevoir du coin de l'œil une silhouette plus loin, quelqu’un qui marchait tranquillement dans ce couloir. Après tout, ils ne sont pas les seuls habitants de l'hôtel.
Arthur, curieux de voir la réaction du brun, vient poser une main ferme sur les hanches du brun, pour le rapprocher à lui et coller son bassin au sien, et aussi dans l’espoir d' enfin faire tomber la serviette.
Il était persuadé que le brun reculerait et abandonnerait tout pour ne pas se faire surprendre par une autre personne. Que son petit spectacle de dominance et de qui a le plus de pouvoir ne tenait pas à grand chose si une personne extérieure arrivait.
C'etait toujours comme ca, que des paroles en l'air, et plus personne pour assumer quand il faut.

Son visage impassible malgré toutes les petites réflexions qu’il faisait depuis le début de leur échange lui plaisait. Il adorait ça même. Arthur était habitué à ce que tout le monde réagisse au quart de tour a tout ce qu’il disait, il avait ce genre de talent de dire LE petit truc qui faisait que l’autre perdait de son sang froid.
Mais Ahmès, était similaire à un étang, tout calme, impossible à déranger. Mais Arthur y voyait les petites vagues qu’il créait doucement. Il commence à raffoler de ça, des petits échos sur l’eau qu’il créait sur cet homme.

Par contre, il s’attendait à tout sauf au brun qui viendrait se coller contre lui en retour. Arthur était persuadé qu’il le repousserait aussitôt, comme dégoûté par le contact imposé par le blond. Non, bien au contraire, il était même détendu, sûr de lui. L’anglais au contraire, se tendait légèrement. Oh non, ça devenait dangereux pour lui la.
Encore pire quand le Garde perdait sa serviette et… Agissait comme si de rien était? C'était terrible. L’esprit d’Arthur tournait à mille à l'heure en ce moment même. Lui-même étant très peu pudique il aurait pu comprendre cette situation, mais c’est sans compter que son corps habillé était pressé contre le corps nu du beau brun.
Lui qui pensait avoir la main sur la situation, qu’il parvenait à créer quelques petites vagues, était plus que dans le faux. Ahmès avait un contrôle total de la situation, il produisait des tsunamis d'émotion et de réaction sur l’esprit et le corps d’Arthur. Cela aurait pu être une petite leçon d'humilité pour le blond arrogant, mais c'était sans compter sur son cote très têtu, voir peut être très bête.

Mais le reste se passa très vite, trop perdu dans des pensées que l’on ne peut pas dévoiler ici de peur de choquer les plus jeunes, il se faisait embarquer dans un… Placard? Ou ce qui y ressemblait tout du moins. Et de se faire à nouveau écrasé par l’imposante carrure du Chef de la Garde. La pression sur son bras qu’il serrait fermement le ramena a la réalité rapidement. Le brun tenait quand même à son image, après tout, avec un poste aussi important, c’est compréhensible.
Mais la situation était encore plus intéressante à présent. Surtout dès que le calme se mettait à régner dans le placard. Il arrivait à entendre la respiration du brun, et quand il murmura contre son oreille, la peau du blond frissonnait.

Et avant même de réaliser ce qu’il se passait il se retrouvait à nouveau seul, le corps à nouveau froid, la ou le brun avait réussi a déjà y laisser quelque chose. Quoi? Il… Partait juste? Et en plus il lui offrait une vue parfaite sur ses fesses? Oh bon sang qu’il aimerait y toucher a des fesses pareil.
Son cerveau commence à travailler rapidement. Après tout, dire un "désolé" ce n’est pas bien dur, surtout vu le prix à la clé. Et quelle récompense… Il avait réussi à sentir la "récompense" contre son corps, et un simple mot valait le coup. Le blond sortit précipitamment du placard pour suivre le Garde.

“ - Deso-.....”

Non. Hors de question. Plutôt mourir. Mort de faim, ça oui. Mais il a des principes. Et surtout. Son côté têtu est plus fort que tout.


“ - Alors aucune conséquence contre l'autorité de l'Île? Je viens de m’en prendre à un membre du conseil n’est-ce pas? Surtout que j’ai l’impression que ce jeu se joue à deux, et tu m’as l’air d'être un mauvais perdant Mr le Chef de la Garde, tu m’offrirais la victoire comme ca…? Quel chanceux je suis. “

Il en avait même profité pour prendre son bras, pour s’assurer qu’il écoutait ce qu’il avait à dire. Et surtout, l'empêcher de continuer dans le couloir, en étant entièrement nu. Si quelqu’un passait par là encore une fois, la situation laissait peu de doutes sur ce qu’il y avait entre eux. Mais n’en déplaise à Arthur, franchement, avoir une situation ambiguë avec un des plus bel homme de l'Île.. Y a pire.