Elle pousse un soupir, tourne la tête vers le pré, l'odeur lui monte au nez et pendant un court moment, Mika grimace avant qu'elle décide de bouger. Déteste l'odeur et déteste l'endroit mais après son nez est habitué aux odeurs de poissons.
Oh non, en parlant de poisson,  Elle se retourne d'un seul coup, cherche du regard le seau qu'elle a dû abandonner quelques instants auparavant. "T'es beaucoup trop bête Mika..." Elle passe une vache, puis une autre avant de repérer en effet le seau et elle laisse échapper un soupir de soulagement avant de s'en saisir en grognant.

Elle pousse le bovin en grognant avant de continuer sa marche vers la serre qu'elle apprécie tant, grogne sur le chemin sous le poids du seau en fer qui tire son bras vers le bas. Regarde son contenu, les poissons pêchés un peu plus tôt dans la journée et elle pense déjà au plaisir que ça va être que de retirer la peau, d'assaisonner le crustacé et de le laisser cuire pendant un long moment, le fin fumet  qui s'envole. Rien qu'à imaginer l'odeur la jeune fille fait face à une abondance de salive dans sa bouche.

Elle secoue la tête un court instant avant de regarder vers l'étable où elle pense que se trouvent les fermiers qui travaillent aujourd'hui. Après s'être fait avoir une fois, la jeune fille désire que ça ne recommence jamais. Elle passe la serre pour arriver à son petit endroit à elle, à l'orée de la forêt, là où elle a laissé une grille qu'elle a faite elle-même et les restes de feu qu'elle prévoit à chaque fois qu'elle désire venir voler quelque chose dans les serres ou la ferme.

Des états d'âme? Aucun, Mika sait que tout ce qui se passe ici n'est qu'un pan d'une fausse réalité, si personne n'est mort ici c'est bien parce que personne ne peut mourir ici. Elle doute que la famine touche qui que ce soit si elle vient voler des herbes, personne ne mange réellement les herbes. Bon, et les pommes de terre, d'accord elle vole les pommes de terre mais elle fait des repas pour d'autres personnes? 
Encore faut-il qu'ils ne posent pas de question. Sam pose toujours des questions, au bout d'un moment, Mika a arrêté de lui rapporter de la nourriture. Antonio, lui, est toujours content, elle lui en fera peut-être un.
Mika pose le seau sur le sol avec un petit sourire content avant de se retourner vers la serre où elle courre pour récupérer les aliments dont elle a besoin. Elle pousse la bâche en plastique de la serre avec un grand sourire.

Qui se fige. Il y a quelqu'un dans la serre.
Oh non, elle déteste quand il y a quelqu'un dans la serre. Elle doit jouer le jeu, comme si elle était quelqu'un qui travaillait ici.

Hoche la tête. "Bonjour." Elle avale sa salive avec un petit sourire peu sûre d'elle tandis qu'elle fait un pas vers les herbes.

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Pando

Fishing pretty ladies

Personne ne se souciait de cet endroit, enfin si quelques-uns, mais pas assez pour que les fermes tournent à plein régime. L’ensemble des insulaires se fichaient du bien-être de la communauté. Ils râlaient quand on les ramenait à la réalité, détestaient ceux qui voyaient toujours le mauvais côté des événements et préféraient rêver plutôt qu’agir. Une journée de repos, bien investi à inspecter l’endroit, oui, Eilidh pestait.

Personne ne lui demanda d’y faire un tour, de constater par elle-même, de lister dans un carnet tous les points problématiques. Allait-elle se risquer à s’avouer avoir simplement peur de mourir de faim ? Mourir elle le désirait, d’une mort douce, de préférence, même si l’agacement parvenait à lui faire imaginer des scénarios plus terribles. Quoi qu’il en soit la jeune femme traversait les allées le pas lent, tapotant le bout de son stylo contre son menton.

Personne dans le coin ne la connaissait, enfin si, ceux qui travaillaient sur place. Elle n’avait tellement pas l’habitude qu’on la salue si gentiment que ce détail ne lui revenait qu’une fois l’endroit atteint. Apparemment, les travailleurs considéraient comme nécessaire son initiative. À que cela tienne, se savoir utile la faisait inutilement rougir, alors au lieu de leur rendre la pareille elle grommela.  

Ses sandales laissaient à l’air libre ses orteils et ne maintenaient pas ses chevilles plutôt fines. L’intérieur de la serre regorgeait de monticules de terres discrets, que des dalles maladroites recouvraient à peine. Normalement, ces chemins servaient à rendre plus simple les déplacements parmi les cultures. “Ne peut-on pas cultiver la terre et rester élégant ?!”, Eilidh se fichait bien de s’exclamer.

L’idée de porter un pantalon ne lui venait pas, vraiment pas, même pas pour éviter ces désagréments. La chaleur l’obligeait à régulièrement dodeliner de la tête et ainsi faire danser sa queue de cheval, quand soudain du bruit. De ce genre de bruit que génère un être humain, une femelle précisément, une jeune femelle. Sa face ne lui revenait pas, qui était-elle ? Au moins la politesse ne lui manquait pas, l’infirmière répondit d’un simple mouvement de tête et l’arrêta d’une enjambée.

Peu arrivait à la dépasser, mine de rien la différence de taille jouait toujours sur les rencontres et comme à son habitude elle profita de son avantage naturel afin de parvenir à intimider sa nouvelle interlocutrice. “À qui ai-je l’honneur ? Je ne me souviens pas vous avoir vu par ici. Nouvelle ou voleuse ? La seconde réponse ne va certainement pas me convenir, je préfère vous prévenir”, d’un ton sec, froid, dédaigneux.

L’odeur que l’intru dégageait lui prit soudainement au nez de sorte à la faire reculer un peu. “Mais quelle puanteur ! Ma parole où vous-êtes vous baignée ?” Aversion et curiosité se disputaient actuellement à l’intérieur de son esprit. En une fraction seconde l’une prit le pas sur l’autre et la voilà en train de saisir d’une main le menton de la blonde : “Attends tu viens de l’océan ?”

Codage par Libella sur Graphiorum

Fronce les sourcils. La jeune fille sait qu’elle n’a pas le droit d’être ici mais elle déteste encore plus les gens qui essaient de l’impressionner. Souvenir de quelque chose peut-être, elle ne sait pas. L’autre qui lui saisit le menton. La jeune femme voit rouge, repousse la géante de ses mains, cette dernière qui plisse le nez pour la critiquer.

Les joues sont rougies, par la honte peut-être, gamine encore trop jeune pour comprendre qu'elle n'est peut-être pas méchante mais elle fait mal tout de même.
Les joues rougies par la colère, de cette femme qui n'a pas l'air de comprendre que le respect des uns c'est de ne pas attraper les inconnus.

"On ne touche pas les gens sans demander leur accord au préalable!"

Frotte son menton avec la manche de son pull, comme pour retirer le contact de l'autre. Mika déteste le contact, gamine qui refuse qu'on l'a touche.

"Oui je viens de la mer! Mais je-" Fronce les sourcils, porte sa manche à son nez. "Je ne pue pas? Enfin j'ai pas l'impression." Relève la tête vers la jeune femme. "Puis, c'est une façon d'accueillir les gens qui viennent travailler enfin!" Oh, Mika qui réalise que c'est son moment de mentir, qu'elle n'a pas vraiment le choix et que si elle veut s'en sortir facilement, elle n'a pas d'autre choix que de mentir.

"Ce sont les cuisines. Elles m'ont demandé de venir récupérer quelques herbes pour agrémenter le poisson. Vous n'avez jamais vu quelqu'un travailler?"

Le coeur qui bat la chamade, la jeune fille vient enfoncer le bob bleu sur son crâne, cache ses yeux comme la coupable qu'elle est. Il lui faut un petit moment pour qu'elle regarde la personne en face d'elle.

"D'ailleurs tu ne travailles pas ici non plus. Donc qui est la menteuse entre nous? Qui vient travailler avec des chaussures ouvertes dans une serre?" Elle croise les bras sur sa poitrine, impression d'avoir joué sa meilleure carte. Mais elle a tort, bien évidemment, comme si la géante se laisserait parler comme ça.

"Maintenant, madame-j'insulte-les-gens-avant-de-savoir-leur-prénom, j'ai un travail à faire, moi." Claque sa langue sur le 'moi'. Son sang qui bout légèrement, l'impression de faire quelque chose de très illégal, aucune envie de perdre ses tickets de rationnement, peur qu'elle vienne tout raconter au conseil.

Mais Mika est fière pour le moment, fière de ce qu'elle a fait comme si elle était la raison même. Passe à côté de la jeune femme, comme si elle n'allait pas la tacler au sol à chaque seconde

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Une fougueuse répartie tant verbale que physique surprit l’infirmière qui recula son visage marqué par l’incompréhension. Ne détestait-elle pas qu’on marque au fer rouge les fautes commises ? Bien entendu, envahir l’espace intime d’autrui relevait d’une faute gravissime à ses yeux, mais parfois, elle faiblissait. Peut-être que ce jour le soleil lui tapa sur la tête, peut-être que la lourdeur du climat lui ôta toute raison, peut-être rien de tout ça.

“Oh… Tu travailles ici, je ne savais pas”, et cette phrase prononcée si doucement, à peine articulée, se perdit. Cela ne fit qu’accentuer son malaise, alors elle marque un peu plus la distance qui les sépare, bascule son regard tantôt à droite, tantôt à gauche. Un de ses bras vint attraper l’autre nerveusement, pourquoi rien ne se passait comme elle le désirait ? “Que faire, que faire, que faire”, se répétait-elle inlassablement.

Des critiques encore et encore et cette greluche qui continuait de déverser son venin, peu crédible dans ses propos, pourtant Eilidh ne voyait rien. Non, là, tout de suite, quelque chose se brisa, toute cette carapace rougeoyante se consuma entièrement. Les quelques cendres ne suffisaient plus à lui donner assez de matière. Quelques souvenirs éteints la submergèrent ; des houles fantomatiques sans substance.

“Attends”, encore une fois un contact, qui ne dura qu’une fraction de seconde. “Je m’excuse, je te prenais pour une voleuse, pardon, je suis fatiguée en ce moment même si je consens que cette raison ne soit pas une excuse”. Sensibilité à fleur de peau, la jeune femme ne se connaissait pas cette facette de sa personne. Dans un certain sens, présenter ses excuses lui allégea la conscience.

Pleine d’initiatives, elle continua en détachant ses sandales puis en lançant sa paire au loin. Elle irait les chercher à un autre moment. Ses doigts se perdirent distraitement au milieu de sa chevelure rousse. Les dernières paroles mettaient un peu de temps à sortir tant cela ne lui parut pas naturel de les prononcer, elle s’y résolut : “tu as besoin d’aide ? Les cuisines s’occupent de tous nous nourrir après tout”.

Codage par Libella sur Graphiorum

Fierté mal placée, parce qu'elle se croit plus puissante que ce qu'elle est réellement. Parce que ce quelque chose en elle a quelque chose de grand, qu'elle essaie d'être 'quelqu'un' en parlant comme une grande personne. Horrible sensation d'être fausse mais elle n'écoute pas son cœur qui bat beaucoup trop fort.

"Oui oui... C'est ça." Cligne des yeux. Aucun remords Mika, il n'y a aucun souci, tu n'as pas à porter d'importance à ce qu'elle ressent, tu peux te permettre de mentir aux grandes personnes. Les gens mentent tous les jours non, toi aussi tu peux mentir? Te permettre de ne pas dire la vérité pour que tu puisses rester en paix avec toi-même, tes actions qui vont s'enfoncer dans la vérité, t'as peur qu'elle l'apprenne. Tu vas tomber en larmes dans quelques instants si elle continue.

"Je travaille ici." Elle le répète doucement, comme si c'était plus pour elle que pour l'autre. Comme si l'autre n'avait pas besoin de savoir la vérité, comme si elle n'avait pas à savoir que t'es qu'une sale voleuse, que la simple image de Silas la terrifie et qu'elle a peur qu'il lui fasse sauter tous ses privilèges un à un.

Tourne le visage vers elle de nouveau, cligne des yeux pour jeter un regard à la jeune femme à côté d'elle. Excuse qui frappe un peu plus dans l'estomac déjà abimé de la jeune fille. Des excuses pour quelque chose qu'elle n'est pas. La figure de Mika se fige. "Je... C'est pas grave." Avale sa salive, essaie de ne rien dire, essaie de retourner à la tâche comme si elle n'était plus là, comme s'il n'y avait plus personne.

Avale la salive, enfonce le bob sur le visage et oublie ce quelque chose qu'est la femme. Jusqu'à ce qu'elle parle de nouveau. Tique. "Arrête! Arrête d'essayer de m'aider!" Pas de blanc ou de noir. Elle avale sa salive. Breakdown qui semble pointer son nez, elle secoue la tête. Prend une respiration, se mord la lèvre. "J'ai menti. j'ai menti je travaille pas pour les cuisines. T'avais raison. Alors arrête d'être gentille et va chercher la garde." Pose ses fesses sur le sol. Se demande pourquoi c'est si dur de mentir.

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