Une goutte, deux gouttes et soudainement le déluge.

La pluie se mit à tomber violemment sur New Heaven alors que je m’apprêtais à sortir de l’hôpital. Je soupirai en regardant l’extérieur, bien agacée par cette pluie. Oui, bien sûr que je savais qu’il allait pleuvoir, mais ce n’était pas comme si j’avais choisi de venir à l’hôpital pour le plaisir. C’est qui le psychopathe qui fait ça ? Non, moi, j’étais la pauvre idiote qui est arrivée avec la main en sang et qui est ressortie avec des points de sutures et un bandage. Le même bandage qui ne me donnait pas tellement envie d’aller courir sous la pluie pour retourner au Royal. Pas que l’eau allait le ruiner… Mais c’est à peu près ça.

Je m’éloignai tranquillement de la porte d’entrée pour errer sans but dans le grand hall. Il n’y avait pas grand-chose à voir franchement et je n’avais aucune envie d’aller rendre visite à d’autres blessés. En fait, il y avait peu de mots pour exprimer à quel point je préfèrerais aller m’asseoir nue dans un plant d’orties plutôt que de recroiser la fille diabétique du troisième étage qui se vante toujours d’être capable de foutre son poing entier dans sa bouche.

Je frissonnai à l’idée de la croiser avant que cette fichue pluie ne s’arrête. J’avais définitivement besoin de trouver un endroit où je ne la croiserais pas, celle-là… Je jetai un rapide coup d’œil aux alentours avant de m’aventurer dans la cage d’escaliers qui menaient au sous-sol. Il me semblait avoir entendu que c’était la prison. Personne n’allait se promener dans une prison dans ses temps libres, non ? J’allais avoir la paix là-dedans et même que j’étais un peu curieuse de voir à quoi elle ressemblait.

Mes yeux se posèrent sur un sous-sol mal éclairé contenant quelques cellules bien miteuses et humides en raison de la pluie. Quoique je doute qu’elles soient bien mieux lorsqu’il ne pleut pas. Certaines cellules étaient couvertes de moisissure dans lesquelles s’aventuraient probablement quelques créatures déplaisantes. D’autres semblaient un peu plus propres. Enfin, c’était un grand mot, mais il y avait définitivement moins de moisissure, comme si quelqu’un avait retiré le plus gros pour ne pas causer de problèmes aux prisonniers. Probablement des cellules qui avaient été utilisées dans les dernières années.

Je m’aventurai dans l’une desdites cellules ‘’propres’’. C’était petit, ça puait et il y avait une chaudière un peu suspecte posée à l’envers à côté de la toilette. Le genre de chaudières auxquelles on ne touche pas de peur de trouver quelque chose d’un peu… Dégoûtant en dessous. Point bonus si ça bougeait aussi.

Mon regard se posa sur le mur de béton craquelé à côté du sceau. Il était vraiment en sale état ce mur. Pas très étonnant que l’eau s’infiltre dans le sous-sol. Juste un peu plus gros et on aurait bien dit qu’une coquerelle aurait pu en sortir. Je m’accroupis à côté du mur, gardant une distance relativement sécuritaire entre le sceau et moi. À première vue, on ne dirait pas que des insectes en sortirait. Peut-être des plantes, vu le petit morceau vert qui semblait y être logé, mais pas de gros insectes…

Attend, quoi ? Un morceau vert ? Ce n’était pas une plante, ça ! J’approchai mon visage du mur pour mieux observer ce que c’était, mais rien n’y fit. Je n’arrivais pas à déterminer ce que c’était. Peut-être que si je pouvais déloger ce morceau…

Je regardai autour de moi vite fait pour trouver quelque chose de fin pour glisser dans le mur, mais évidemment, il n’y avait rien. Décidément, il fallait que je m’achète un couteau de poche pour des situations du genre. Mes mains s’aventurèrent sur mes poches, cherchant peu importe ce qui pourrait m’aider. J’y trouvai ma lime à ongles. Ouais, ça pourrait marcher !

Je glissai la pointe de ma lime à ongles dans la craque où se trouvait cet étrange objet.
Le but : déloger ce foutu morceau vert du mur de béton.
Est-ce que j’avais l’air suspicieuse ? Certainement !
Est-ce que je m’en foutais ? Ouaip !