Surveillance acrrue

Ahmès prenait toujours un certain temps pour observer les habitudes de chacun et chacune qui posaient des problèmes sur cette île. Nadej était un cas particulier pour le chef de garde. Elle causait énormément de soucis, que ce soit au niveau de la brume ou juste parce qu’elle prenait un malin plaisir à être une casse-couilles de première. Dans un cas comme dans l’autre, il avait fini par faire un tableau mental de ses allers et venus, les jours où il y avait plus de chances que la demoiselle n’en fasse qu’à sa tête. A croire qu’elle était réglée comme un cycle menstruel.

Assis sur un rocher, observant la brume au loin, il attendait sa venue. Les coudes sur ses genoux, la tête posée sur ses mains, il plissait les yeux pour observer le moindre passage, jusqu’à apercevoir la folle qui passait par là. Grognant, il se redressa de tout son long avant de marcher les mains dans les poches, dans le but de la surprendre. Arrivant derrière elle, il prit une voix qui se voulait confiante et sûr de lui. Parce qu’après tout, il l’était, et l’idée de la voir sursauter ne lui déplaisait pas, il faut l’avouer.

« Nadejda, charmante journée n’est-ce pas ? Quel est le programme de la journée, hm ? »

Il haussa les sourcils en attendant la réponse. Son visage était neutre mais sa voix était sans appel. C’était une réelle question bourrée de sous-entendus. Il voulait lui faire comprendre qu’il pouvait savoir ses gestes et ses actions avant même qu’elle les pensent. Qu’il la surveillait, et de près. Elle n’avait pas sa chance et pas sa liberté dans cette question. Il espérait qu’elle le comprenne et de ce fait, qu’elle s’aplatisse et rentre dans les rangs. Ahmès n’aimait pas qu’on remette en question son autorité, encore moins de façon si frivole.

Surveillance acrrue

Impudente et imprudente. Menacer ainsi le chef de la garde ne faisait qu’accroître la colère bouillante en lui. Il esquissa alors un sourire et ferma les yeux quelques longues secondes avant de les rouvrir.

« J’en tremble. »

Sarcasme. Évidemment qu’il ne tremblait pas devant la petite chose, mais c’était amusant de la voir se tortiller de frustration et colère alors que lui savait maîtriser ce genre d’émotions. Il posa alors ses mains dans ses poches et pencha la tête, amusé par la situation que pouvait lui donner ce spectacle.

« J’attends ta connerie habituelle, tu sais. Rien de bien intéressant et totalement prévisible. »

Il appuya ses propos en plantant son regard grisé dans le sien. Il fit mine de réfléchir à sa question sérieusement. Bien qu’il l’aurait stopper avant qu’un bain de sang n’arrive, il n’était pas sûr que c’était des pratiques auxquelles elle ne pourrait jamais s’adonner.

« Puisque tu le dis maintenant... »

Il reposa ses prunelles sur elle avant de croiser les bras à nouveau.

« C’est mon kiff en général de plaquer les gens au sol. La vulnérabilité visible sur tes traits avant même cette action n’est même plus amusante. »

Il la tease. Il attend un faux pas de sa part. Qu’il la coffre. Qu’il lui retire des tickets. Qu’elle finisse par faire le mauvais choix au mauvais moment. Il voulait qu’elle rythme sa journée puisqu’elle en était la priorité. Après tout le chef avait mit de coté quelques tâches juste pour pouvoir s’occuper de ce cas là aujourd’hui. De quoi gonfler l’égo de la demoiselle si elle le savait et c’est pour cette raison qu’il taisait cette information.