Les règles n'ont aucun secret pour lui. Il ne les a pas apprises par coeur mais presque ; dans le but de les respecter, oui, en partie, mais pour les contourner, surtout. S'il y a quelque chose qu'il a bien compris depuis qu'il est ici, c'est que la passivité ne le mènera à rien. Obéir bien sagement à des ordres qui viennent d'on ne sait où ? Et puis quoi encore. Il a bien l'intention de trouver d'où ils viennent. Il connaît les règles.

La personne devant lui, sur le balcon de l'hôtel, loin de l'agitation de la nuit, connaît sans doute les règles aussi. Mais quelque chose lui intime qu'il est plus au courant que lui. Qu'il sait quelque chose. En tous cas, le salaud a passé la moitié de la soirée autour de (beaucoup trop de) verres à se vanter d'avoir des informations secrètes que personne d'autre ne possède.
Maarten l'a laissé jouer au paon, l'écoutant d'une oreille à la fois discrète et attentive, de loin, au bar du casino, avant d'intervenir dans la conversation sans la moindre délicatesse pour lui demander exactement ce qu'il savait. C'était un ordre, et il n'avait pas l'intention de repartir sans réponse. Sa voix est autoritaire, son ton est exigeant, le grand homme de deux mètres n'a pas l'expression de quelqu'un avec qui l'on peut plaisanter.

Tout ça pour se faire rembarrer et avec une insolence rare. Le pauvre bougre n'est pas conscient que le Garde n'a plus aucune patience quand il s'agit de la vérité. A la fin de la soirée, le type se retrouve seul, se fait attraper par la peau du cou et traîner jusqu'à un endroit calme, sur le balcon, loin des regards indiscrets.

Et cette fois, c'est avec beaucoup moins de politesse que le Garde furieux lui ordonne de lui dire ce qu'il sait. Face au refus insistant, le ton monte et Maarten sent l'agressivité qu'il contient au fond de lui, enfermée, le reste du temps autant que possible, monter. Elle monte, jusqu'au moment où il attrape l'autre type et menace de le cogner en lui sifflant qu'il à affaire à un garde et qu'il est obligé de lui dire ce qu'il sait ; même s'il le sait, au fond, que l'autre ne sait rien. Il s'accroche au moindre espoir. Et ses poings le démangent. Il n'entend pas Antonio, caché près d'eux, discret comme une fouine, secret comme un poison.

Alors que son poing s'est relevé et que le coup allait partir sur le type qu'il retient prisonnier d'une main ferme par le col, un craquement inquiétant doublé d'un hurlement soudain l'interrompent. Le garde a juste le temps de se décaler en poussant l'autre type sur le rebord du balcon pour leur éviter d'être écrasés par l'échafaudage qui tombe en miettes... et par la personne qui se trouvait dessus.

Maarten : "!?"

L'homme sans nom, qui n'attendait qu'une excuse pour s'éclipser, ne cherche pas à en savoir plus et il s'enfuit sans demander son reste pour aller finir sa nuit alcoolisée loin des fous qui peuplent cette île. Maarten ne peut pas faire pareil : la personne qui vient de tomber l'a probablement entendu menacer l'autre homme. Il doit vérifier.. s'il est encore en vie. Il s'approche et retire quelques décombres légers, a priori ça devrait aller; et il regarde le type qui visiblement n'est pas trop amoché.

Maarten : "..."

Il fronce les sourcils en le dévisageant, sérieux, comme si les souvenirs lui revenaient, alors qu'ils ne reviennent pas. C'est un maelstrom d'images floues. C'est frustrant.

Maarten : "Qu'est-ce que tu fous là ? Tu veux te tuer ? Espèce d'imbécile. Debout."

Il vérifie d'un coup d'oeil si le jeune homme à la peau dorée n'est pas blessé et lui fait signe de se redresser, sans aucune forme d'empathie.