Antonio essayait de se souvenir. Et pour se souvenir il avait trouvé un moyen très simple : tout tester et déterminer les mouvements que son corps avait l'habitude de faire. La cervelle avait tout oublié, mais les habitudes elles, avaient été imprimées dans chaque fibre de ses muscles. Parfois il se surprenait  à savoir comment un appareil ou une technique fonctionnait, et parfois Antonio se retrouvait complètement ignare face à telle ou telle discipline. Petit à petit son corps commençait à lui donner des indices sur ce qu'il avait un jour pu être. Par exemple, il avait récemment passé une soirée au palais où un repas particulier avait été servi. Particulièrement épicé la plupart des invités s'étaient retrouvés avec la langue en feu et des larmes dans les yeux. Quant à Antonio, il s'était rendu compte que son corps et sa bouche étaient parfaitement habitués à la nourriture épicée, l'espagnol n'avait pas gagné qu'un bon repas ce soir là mais également une information cruciale sur son passé. Son esprit avait oublié mais son corps lui s'en rappelait. Qu'importe les gens qui avaient décidé de lui laver la tête et supprimer ses souvenirs, les corps gardaient les impressions du passé. Après tout qu'est ce qu'un corps à part la conséquence de mouvements durant toute une vie.

C'est ainsi qu'Antonio avait débuté sa quête de souvenirs, expérimentant tout ce qu'il pouvait avec son corps, tel un animal sans conscience qui avait besoin d'utiliser ses 5 sens pour s'y retrouver dans son environnement. Joueur et aimant la nouveauté le brun se joignait donc régulièrement pour toute nouvelle activité qu'il pouvait trouver sur l'île. La dernière expérience était de participer aux cours de Yoga organisés par KaÏa. Elle aussi avait dû découvrir qu'elle connaissait tout du Yoga, ou bien peut-être l'avait-elle appris après coup, sur l'île. Elle venait de finir sa séance et était en train de tout ranger. Ses yeux clairs ressortaient toujours sur sa peau foncée et elle avait cet aspect parfois hypnotique qui étonnait toujours les gens quand ils la rencontraient. Elle se fondait parfaitement avec la mer derrière elle et semblait faire partie d'un tableau parfait organisé et équilibré : la plage était un bel endroit pour faire du yoga, détente assurée. Antonio aimait bien Kaïa. Elle était tranquille, douce, patiente...mais ne se laissait pas dérouter par rapport à ses objectifs. Le yoga était particulièrement populaire pour les habitants de new heaven, après tout se réveiller avec une amnésie totale pouvait faire tomber certains dans la folie. Kaïa intervenait pour calmer tout ça, et peut-être sans le yoga et sa patience beaucoup seraient en dépression.

Antonio avait donc fait son yoga et compris...qu'il était souple, musclé, peut-être pas grâce à un potentiel yoga qu'il aurait fait par le passé vu qu'il avait tendance à s'écraser par terre à chaque pose, mais peut-être simplement grâce à la danse. Curieusement certaines poses lui étaient plus faciles que d'autres et Antonio notait mentalement quelles étaient ses facilités et ses difficultés.
Il resta un moment après que les autres soient partis pour souffler un peu sur le tapis de yoga et observer les vagues au loin. Puis il se décida à se lever et se dirigea vers Kaïa. Il lui rendit son sourire. Il venait de l'observer pendant une bonne heure pour imiter ses mouvements et lui rendit le regard qu'elle lui donnait.

Kaïa : Bonsoir Antonio. Comment ça va ? Tu as apprécié le cours d’aujourd’hui ?

Antonio Holà Kaïa ! Oui, merci pour le cours je suis hyper détendu, ça fait tellement de bien. Beaucoup plus appaisant que la danse haha je devrais me reconvertir ! Dis, est-ce que tu veux que je t'aide à ranger et rapporter tout ça ?

Il désigna du doigt le matériel éparpillé autour d'eux. Sans vraiment attendre de réponse il commençait déjà à ramasser quelques tapis et les organiser.

Antonio : Par contre j'ai dû me battre en duel avec un crabe qui est venu m'attaquer pendant que je faisais une pose haha, on devrait demander aux gardes de nous protéger pendant tes cours, ce n'est pas sans danger.

Il rit joyeusement, sentant l'air marin lui fouetter les mèches de cheveux, la chaleur est palpable et il tient son t shirt pour le décaler de sa peau.

Antonio : Dis, je voulais te poser une question....Le yoga est-ce que tu l'as appris...sur l'île, ou tu penses que tu le connaissais d'avant ?

Antonio : J'essaye d'utiliser le sport pour savoir ce dont mon corps a l'habitude haha, je ne sais pas si c'est une bonne idée, qu'est ce que tu en penses?.

Antonio se mit à rire en imaginant les gardes se poster autour des participants au cours de Yoga et s'avertir mutuellement dans leurs mini talkie-walkies lorsque des crabes étaient en vue. Kaïa avait l'air de trouver l'image amusante également et le simple fait de la voir sourire et rire à sa blague, rendait Antonio heureux. Il aurait aimé continuer à simplement rire et blaguer mais il avait terriblement envie de soumettre ses hypothèses à Kaïa. Après tout elle faisait partie du conseil. Cette organisation de l'île avait toujours parue assez mystérieuse à Antonio, il se disait qu'ils devaient connaître des choses que la population ne savait pas encore, peut-être étaient-ils en contact avec les meilleurs scientifiques, cerveaux de l'île -ce qu'il n'était pas- et peut-être tous ces gens de qualité formaient-ils des hypothèses sur leur situation.

Kaïa était un peu comme lui. Elle faisait de son mieux pour faire de l'île un endroit agréable, optimiser l'organisation, voir les points positifs, mais elle n'avait pas non plus accepté aveuglément sa situation. Elle l'inspirait plus que Silas, qui semblait vouloir bâtir une société sur l'île et y rester, et elle l'inspirait également plus que Ahmès qui était hargneux et reportait sa mauvaise humeur sur tout le monde. Il aurait aimé en savoir plus, Kaïa était la plus abordable et il s'entendait bien avec elle.

Kaïa : Bonne question. Je connaissais déjà avant l’île, je pense, l’idée m’est venue assez naturellement et je n’ai pas vraiment eu à apprendre comment faire, tout comme ce qui a attrait en général à la relaxation. Quant à savoir d’où je tiens ça, c’est un mystère qui reste entier. Mais c’est une réflexion très intéressante que tu as là et je pense que c’est en effet une bonne idée, tant que tu ne te mets pas en danger. Tu as déjà eu des résultats, des pistes ?

Antonio l'écouta parler, les tapis de yoga à la main. Il sentit que cette conversation allait peut-être durer et les posa devant lui. Il hocha la tête à ce que disait la jeune femme.

Antonio : tu vois ! c'est étrange de se rendre compte qu'il y a certaines choses qu'on sait faire instinctivement et d'autres non ! Dans ce cas tu étais peut-être quelqu'un dans le passé...qui faisait beaucoup de yoga et de relaxation. Peut-être étais-tu professeure aussi, ou bien...peut-être que tu étais très stressée, tu avais des rôles importants et tu avais besoin de gérer ton stress ? Ou bien.... Ah, pas facile d'analyser après !

Il avait posé sa main entre ses boucles folles, l'air perdu, s'étant emballé pour finalement retomber sur plus de questionnements que de réponses. Mais il y avait quelque chose de grisant à essayer de deviner ce qu'était leur passé, ou formuler des hypothèses sur leur situation.

Il rougit un peu quand elle lui parla de danger et lui demanda s'il avait des résultats et des pistes, mais il réfléchit un peu puis la regarda.

Antonio : et bien...j'ai l'impression que j'étais quelqu'un qui pouvait faire un potager ? Ca m'est venu assez naturellement...comme la danse et le chant...impossible de savoir si je faisais ça professionnellement ou pas mais je devais y passer du temps. Et puis il y a autre chose, parfois on a le sentiment qu'on se souvient de certaines personnes, tu sais ? Parfois....

Il hésita.

Antonio: parfois essayer de faire des activités avec cette personne donne certaines émotions ! Par exemple si l'enlacer paraît contre-nature on peut peut-être en déduire qu'on ne s'aimait pas trop avant ? Haha, c'est difficile à dire parfois. Si ça se trouve j'invente n'importe quoi pour essayer de trouver des solutions.

Il sourit à Kaïa et baissa les yeux, regardant ses pieds.

Antonio : et j'ai l'impression que le contact du sable est familier.

L'homme aux cheveux bruns eut un air vaguement triste, pendant une petite seconde, il regarda Kaïa de nouveau, elle lui avait vaguement dit, un jour, qu'elle avait eu un sentiment de déjà vu en le voyant.

Antonio : tu...penses qu'on se connaissait avant ?