Ceux qui le connaissent un peu, même de loin, auront compris une chose essentielle sur la personnalité du grand blond : il a horreur de ne pas comprendre ce qui se passe et de ne pas contrôler une situation.

Cette île va lui faire perdre la raison. Alors que les journées habituelles sont déjà une torture à devoir observer la brume qui cache l'horizon, voilà qu'au lieu d'être paisiblement allongé sous son épaisse couette en charmante compagnie, il se retrouve perdu au milieu d'une purée de pois, froide, laide, inquiétante.

Quelques minutes sont nécessaires pour qu'il reprenne pied. Il n'a pas bougé, d'abord, en espérant se réveiller d'un cauchemar ridicule. Peut-être qu'il a oublié de fermer la fenêtre et qu'il a froid dans son lit, que ce n'est rien qu'un cauchemar d'enfant trop détaillé.

Mais rien ne change. Il est toujours au même endroit. Il n'y a plus qu'à bouger, pour sortir de ce miasme d'eau condensée qui lui donne envie d'arracher tous les arbres sur son chemin et hurler qu'on vienne le sortir de là, comme un ordre que personne n'entendra.

Que fout-il ici ? Est-il venu se promener dans la brume sans s'en souvenir, est-il perdu pour toujours ?
Non, son costume ridicule de la soirée d'Halloween est toujours sur lui, ce qui achève de le mettre d'une humeur massacrante. Ses pas décidés doivent retentir à des kilomètres à la ronde tant on dirait qu'il essaye de tuer tout ce qu'il écrase en avançant vers il ne sait où.

C'est presque sans le vouloir qu'il se retrouve au milieu d'une clairière où il peut enfin voir. Quelques secondes d'observation lui permettent de remarquer qu'il n'y a rien. Rien. Il n'est pas du genre à exprimer ses émotions mais il va vraiment gueuler si ça continue, s'il ne trouve rien à cogner.
Il doit bien y avoir une pierre dans laquelle il puisse donner un coup de pied rageux ; mais même ces plaisirs simples lui sont retirés sur cette île démoniaque, car au moment où il pense en apercevoir un, il remarque qu'il s'agit en fait d'un objet. Un bel objet, d'ailleurs. Gravé. "Suivre le nord", hein. Son esprit lui joue vraiment des tours ridicules ces derniers temps.

D'autres silhouettes arrivent, émergent de la brume, et il est beaucoup trop surpris pour dire quelque chose ; il se contente de les regarder presque avec mépris.

Sortez de mon cauchemar. Je ne vous ai pas invité.
Pense-t-il sans le dire à haute voix.

Kaïa, ou une entité qui lui ressemble trait pour trait, apparaît soudain de la brume, chancelante, aussi égarée que lui, mais avec toute la douceur qui lui fait défaut. Cela l'apaise légèrement, juste assez pour remarquer que les deux autres ont aussi l'air perdu. Sa colère sourde le ronge, il veut se réveiller maintenant, dans son lit, alcoolisé, à côté d'Alcina qui s'est endormie avant lui.

Maarten : "A ton avis ? Personne ne va bien. Visiblement, on est tous en train de devenir dingues."

James : « God. Tu es magnifique. »
Elysian : « Sérieusement ? T'avais pas mieux comme costume ? »

La tête verte fluo de l'alien derrière sa propre tête les regarde d'un oeil mort, les commentaires extérieurs lui importent peu, pas plus qu'ils n'importent à Maarten à cet instant ; censé provoquer au minimum l'amusement, il n'est pas du tout à sa place en ce lieu cauchemardesque. Le blond ne peut pas s'en débarasser et d'ailleurs il s'en fiche complètement, la seule chose importante à l'heure actuelle est de sortir d'ici. De se réveiller.

Entre ses mains, la boussole est lourde, inutile parce que même si elle pointe le Nord, même s'ils doivent aller au Nord en suivant les indications d'une main inconnue, qui leur dit qu'ils seront à l'abri s'ils obéissent ? Qui leur dit que ce n'est pas un piège, encore une connerie qui va les emmener on ne sait où et leur faire oublier encore un peu plus qui ils sont et pourquoi ils sont là ?

James semble peu perturbé par la situation, Maarten hoche la tête négativement quand il mentionne le Chat. Un animal ici ? Mieux vaut pour lui qu'il soit au chaud dans son petit panier qu'ici à subir leur sort. L'agressivité d'Elysian est une bouffée d'air frais, si tout ça n'était pas qu'un stupide mauvais rêve, le blond se serait dit qu'ils auraient pu être amis.

Mais ce n'est pas le moment de faire la conversation, il faut agir, reprendre le contrôle, bouger. Les personnes autour de lui lui paraissent réelles, mais c'est impossible. Rien n'a de sens. Alors qu'il voudrait dire quelque chose, l'expression du visage de Kaïa change. Elle est terrorisée. Elle se touche les bras. Maarten regarde ses mains aussi, parce qu'il sent comme des insectes lui parcourir le corps et des taches d'une couleur immonde se mettent à pulluler. Qu'est-ce que c'est. Que cette merde. Il se sent soudain fiévreux, fatigué, des frissons lui parcourent le corps, et l'énorme créature hideuse et poilue sur laquelle Kaïa trébuche achève de le terrifier.

C'est un rêve. Ce n'est pas réel. Il est inutile d'avoir peur.

(Sa peau noircie le dégoute. Il souffre.)

Ce n'est pas réel.

(Les dents pointues du rat et ses yeux sans âme sont aussi terrifiants que surnaturels.)

Ce n'est.. pas... réel.

D'office malgré tout, son corps se déplace et se place entre Kaïa qu'il attrape sans délicatesse pour la pousser derrière lui, et le rat.

Maarten : « Ce n'est qu'un rongeur inoffensif. Ce n'est qu'un cauchemar. On va juste s'éloigner en courant, à mon signal...»

Il ne peut pas nous faire du mal.

Peut-être qu'en voulant s'enfuir, comme dans les mauvais rêves les plus ridicules, ils n'arriveront pas à courir. Ils feront le mouvement de course, mais tout sera au ralenti, à l'exception de l'ennemi qui tente de les rattraper.
Quand le blond s'apprête à bondir pour s'enfuir, le rat est plus rapide. Maarten a la tête qui tourne à cause des symptomes de la peste scepticémique qui l'affaiblissent et il ne s'attendait pas vraiment à se faire attaquer, et comme il est en première ligne il doit faire quelque chose dans l'instant, sans avoir vraiment le temps de réfléchir. Heureusement malgré la Brume, ses réflexes de Garde ne sont pas complètement endormis.

Quand le rat leur bondit dessus, il parvient à l'esquiver, et il cherche frénétiquement quelque chose avec lequel il pourrait le frapper ; tout autour de lui, des arbres,de la Brume, le vide. Il ne trouve rien d'autre qu'une énorme pierre qu'il soulève et qu'il jette, d'un tir qu'il aurait voulu précis, en direction du crâne du rat. Mais entre la maladie, le brouillard, la fatigue, les restes d'alcool dans son cerveau, il n'est plus sûr de rien.

Tout ça n'a aucun sens. Il va sans doute se réveiller bientôt.

[Maarten jette une pierre à la tête du rat]

Elysian : « Essayons de mettre ce rat K.O et ensuite, on fuira. Fuir ne sert à rien, le rat sera plus rapide par sa taille. »

Maarten n'a pas vraiment le temps de la contredire : s'il avait plusieurs minutes de répit devant lui, il lui aurait expliqué qu'ils ne connaissent pas les capacités ou la force de la bestiole, qu'ils ne savent pas se battre, qu'ils n'ont pas d'armes, et que c'est du suicide d'essayer de mettre KO un ennemi dont on ne sait rien dans un cauchemar empli d'illusions. Mais il n'a pas le temps, et pendant que ses équipiers de fortune font tous des tentatives malheureusement ratées pour essayer de blesser le monstre, il est déconcentré, décontenancé par la maladie. Son équilibre, qu'il prenait pour acquis, disparaît petit à petit. Sa vue, sur laquelle il comptait plus que sur tout autre sens, finit par le trahir aussi : tout est flou, tremblotant, instable.

Kaïa pousse un hurlement. James semble avoir été blessé. Elysian aussi.
C'est une hécatombe, il faut que ça cesse. La maladie qui se propage en lui lui paraît beaucoup trop réelle. Dans un mauvais rêve, certains éléments ne font pas sens, des choses se superposent et s'effacent, les sensations physiques ne sont qu'une lointaine impression. Là, il sent la morsure de la fièvre.

Les formes floues qui s'agitent devant lui sont peut-être le rat et Kaïa, car son ouïe ne l'a pas encore abandonné. Hors de question de fuir tout seul, il n'a rien à perdre à tenter d'essayer de finir le rat dont la tête ensanglantée laisse une traînée sinistre derrière son passage. Pas d'arme à portée de main, tant pis, il faut faire quelque chose.
D'un bond maladroit il se précipite sur l'animal surdimensionné et l'attrape fermement pour l'écarter de sa victime, et alors qu'il tente de lui tordre le cou à la force de ses bras, la bête, habile et glissante comme un serpent se retourne et lui mord le visage violemment. Impossible de lui faire du mal comme ça, le blond est obligé de le repousser brutalement en le jetant loin de lui, en espérant qu'il le lâche, et il s'effondre au sol pour se tenir le visage, en sang.

Maarten : " Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel..."

Pourquoi je saigne vraiment.
Qu'est-ce que je fous ici.

Maarten : "Il faut qu'on reessaye. Avec n'importe quoi. Il faut le buter tout de suite."

Pas de panique. Ce n'est qu'une saloperie de rongeur.
Pas
de panique.

Il cherche quelque chose pour l'attaquer de nouveau, tâtonnant autour de lui, mais ne trouvant rien il se redresse et essaye de se maintenir à un arbre : sauf qu'il se rend compte qu'autour d'eux, il n'y a plus d'arbres. Plus que du béton. Froid. Qui les recouvre. Où sont-ils ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Si la brume formait un mur épais et poisseux, les murs sinistres et vides de cet endroit sont une prison encore plus étouffante.

Il détache son attention du rat pendant juste assez longtemps pour remarquer des portes, le long d'un immense couloir qui s'étend devant eux. Des centaines de portes. Elles semblent toutes fermées à clé, mais par un système performant et automatisé. Des noms sont affichés sur chaque porte.
Une sorte d'écriteau qui donne des noms du type "Moa Géant", "Estemmenosuchus", "Megatherium"... Des grognements sinistres émanent de derrière les portes.

Un sirène d'alarme retentit, infâme, lancinante.
Ses sens ne sont pas encore bien revenus et il a l'impression qu'il devrait s'éclater la tête contre le mur pour que ça s'arrête.

Voix désincarnée : "Rupture du confinement. Rupture du confinement. Les portes ne sont plus fermées."

Mais c'est pas vrai, qu'est-ce que c'est encore que ces conneries ?....

Le couloir semble infini.

L'une des portes grince. Le rat couine, prêt à bondir de nouveau.

La porte qui s'ouvre laisse apparaître une créature au regard perçant et sans âme, aux dents luisantes, avec des ailes maigrelettes et des pattes griffues.
Sur l'écriteau, il est écrit Caelestiventus Hanseni.

Maarten se demande si, comme dans un cauchemar, il ne vaut pas mieux se laisser mourir pour que ça s'arrête.

[Maarten arrache le rat de Kaïa mais se faisant il se fait lacérer le visage à coups de dents pointues
Il essaye de motiver les troupes à réattaquer...
Mais au moment où il se relève, ils se retrouvent dans un immense couloir avec plein de portes.
L'une des portes s'ouvre et laisse apparaître cette horreur]